En 1944, lorsque le Parti communiste crée la Sécurité sociale, celle-ci est unique et unie. L'idée est simple : il faut protéger quiconque de n'importe quel risques de la vie ("risques sociaux") : maladie, vieillesse..., lesquels seront étoffés, et étendus au chômage un peu plus tard. Le système social français est l'un des plus performants, mais il l'est de moins en moins. Si la faible taxation du capital ou la dégradation de la masse salariale (laquelle finance quasi exclusivement la Sécu) peuvent-être pointés comme des exemples, la multiplication des caisses, justifiés à la base au nom d'une meilleure gestion (proche d'une logique de gestion managériale privée) est aussi une raison majeure. Une caisse unique présente de nombreux avantages : elle bannie toute distinction entre les bénéficiaires, ne créée pas de concurrence entre plusieurs caisses, évite toute dichotomie générationnelle ("les jeunes cotisent pour les vieux") dont la violence symbolique est symptomatique d'une mise en concurrence du lien social... quand ce système d'assurance voulait au départ préserver ce lien social et favoriser l'unité face à des risques impossible à anticiper. Mais la multiplication des caisses est surtout la porte ouverte à la multiplication des conditions d'accès, au brouillage bureaucratique compliquant un accès correct et simplifié aux droits (par exemple lors du passage en retraite) et par là, un ensemble de niches avantageuses (dédommagement, subvention, réduction de cotisation...) pour le capital (à préférer au terme d'employeur, qui porte une connotation axée normativement : la sécurité sociale protège le travail, pas le capital) que l'on ne peut plus distinguer tant les mécanismes de fonctionnement et de financement des caisses se sont développés quantitativement mais pas qualitativement (saurez-vous lire dans son intégralité votre fiche de paye et à quoi correspond chaque ligne et chaque cotisation ?) En bref, une caisse unique, financée et par le travail et par le capital, simplifierait l'accès à ces droits jugés fondamentaux. La technologie, l'informatique aidant, il est aujourd'hui plus facilement envisageable de proposer un regroupement et une centralisation des besoins de chacun des bénéficiaires.